Aux parents qui liront ce témoignage. Si vous pensez vous aussi que vos enfants complotent secrètement pour vous empêcher de dormir, alors vous êtes tombés sur le bon article. Je n’apporte pas de solutions sur les troubles du sommeil car après cinq ans de questionnements et deux enfants, je pense qu’il n’y en a pas nécessairement. J’ai même pu faire une étude comparative avec mes deux enfants, l’un qui dort mal et l’autre qui dort bien, mes conclusions sont qu'au delà de l'environnement, il existe sûrement un facteur physique qui rentre en jeu. Lecteur averti, voici l’histoire de nos sommeils troublés et les choses folles que nous avons faites pour dormir… juste dormir.

Les débuts et la recherche d’une routine
En tant que nouveaux parents, on a tous vécu le choc des premiers mois. Même si tu pensais être prêt car après tout tu l’as attendu longtemps ce bébé, rien ne prépare vraiment au nouveau rythme et à l’abnégation que t’impose un nourrisson.
Ce n’est pas seulement de se réveiller et de donner un biberon qui est difficile, ce sont ces journées-nuits sans fin où il faut s’occuper, bercer, entendre pleurer, un bébé que l’on ne comprend pas encore.
Pour ma part, j’étais en recherche de repères et d’un rythme pour m’adapter moi aussi à cette nouvelle vie. Du coup j’ai lu de nombreux livres de pédopsychiatrie sur les phases de développement des enfants.
Après le Pernoud et L’enfant dormira bientôt d’´Estivill, j’ai pu comprendre qu’une des différences essentielles du sommeil des enfants par rapport à celui des adultes est le nombre plus élevé de phases de Sommeil Paradoxal (SP). Ce qui explique la fréquence des réveils et l’importance de mettre en place une routine qui leur permet de s’endormir seul.
Studieuse avec mon premier, j’ai tout fait bien, du moins au début :
J’ai attendu trois mois avant de le changer de chambre,
Je suis passée du berceau au grand lit progressivement en roulant des serviettes sous le drap pour que son espace soit rassurant,
J’ai tenter d’espacer ses biberons de 3 à 4 heures pour qu’il commence à avoir 4 repas par jours,
Je lui ai appris à s’endormir seul après ses trois mois dès qu’il ne s’endormait plus au biberon
J’ai introduit un doudou avec lequel j’avais dormi pendant plusieurs nuits,
Et enfin, j’ai suivi une routine Bain - Biberon - Dodo le soir quand il a commencé à avoir une heure de coucher.
J’ai cru tout faire bien quand mon fils a fait ses nuits (courtes mais quand même !) vers 6 mois et qu’il s’endormait seul le soir.
La question de laisser pleurer
Je vais être très honnête sur cette question car je pense qu’elle est essentielle et qu’elle détermine le type d’éducation que l’on donne, les premières années du moins, aux enfants. Sur le sommeil, c’est une question qui ne se pose pas seulement quand l’enfant est nourrisson, mais aussi à 12 mois, 18 mois, 2 ans, 3 ans, c’est à dire durant toutes les phases importantes de développement où le sommeil et la séparation deviennent des enjeux entre les parents et l’enfant.
Peux-tu laisser pleurer ton enfant ? Je ne parle pas de le laisser tout seul dans sa chambre mais comme le conseillent les pédiatres, de le laisser pleurer et de passer le voir régulièrement en laissant des phases de plus en plus longues pour le rassurer.
Une des étapes primordiales pour moi était qu’ils s’endorment seuls quand ils étaient petits, vrai bénéfice pour les parents mais aussi pour l’enfant qui va pouvoir rester seul dans son lit. Du coup, je me suis lancée dans le 5-10-15 (tu laisses l’enfant appeler en laissant 5 minutes avant d’aller le voir et puis 10 minutes, etc.). Dès le premier essai, ma méthode s’est transformée en 2-5-7.
J’ai compris assez rapidement que pour nous la réponse était non, nous n’étions pas capables de laisser pleurer nos enfants.
Bien plus tard avec mon deuxième enfant, épuisée de nos nuits folles, j’ai re-tenté la méthode dite des “pleurs contrôlés”. Au bout de trois nuits d’angoisse à me dire que j’étais une mère terrible, ma fille a fait sa première nuit complète ! C’était comme dans les livres, il fallait tenir le coup trois nuits et c’était réglé. Mais comme on voyageait la semaine d’après et qu’elle allait dormir dans notre chambre, tout cela avait été vain et je me suis promis que l’on ne m’y reprendrait plus. De toute façon, j’ai réalisé que cela m’avait demandé trop d’efforts et que je ne pourrais simplement pas le refaire !
Alors voilà, quand tu sais que tu ne vas pas laisser pleurer ton enfant, les solutions quand leur sommeil se dérègle et qu’ils ne veulent plus aller au lit sont assez réduites.
Les problèmes d’endormissement
Les troubles du sommeil de mon fils ont commencé à dix huit mois quand tout d’un coup, en vacances, il n’a plus voulu s’endormir seul le soir. La routine était la même, bain, livres et dodo, mais le dodo c’était non.
En premier lieu, tu te mets à le bercer pendant de très longues minutes. Qui te semblent des heures. Mais là, effroi, c’est systématique, dès que tu le poses dans son lit, il se réveille et il faut recommencer.
Après, quand de toute façon tu n’as plus la force de bercer, tu arrives à lui faire accepter d’aller dans son lit si maman ou papa restent dans la chambre. Je me souviens de ces longues demi heures, allongée par terre, la tête sur le tapis à attendre qu’il s’endorme. Parfois c’est le bruit de la porte qui s’ouvre alors que tu cries victoire qui va le réveiller. Echec et mat, il faut tout recommencer et tu reprends ta place sur le tapis. Désespérée d’aller enfin pouvoir dîner.
Et puis le tapis ne marche plus, ni pour l’enfant ni pour le parent d’ailleurs, alors tu décides de l’endormir dans ton lit et tu attends qu’il soit bien, bien, BIEN endormi pour le remettre dans sa chambre.
Les réveils la nuit
Cela a été la deuxième phase des troubles du sommeil de mon fils. Il a commencé à se réveiller la nuit. Comme on ne l’avait jamais laissé pleurer, ni laissé s’endormir seul, ça n’allait pas commencer maintenant.
Comme pour l’endormissement, tu commences par les bras, puis le tapis et finalement ton lit. Au début, tu as encore la force de le remettre dans son lit, puis finalement tu te rendors avec lui.
Mon fils avait la particularité de ne pas se rendormir de 2 à 4 heures du matin. Il était souvent malade et ce que l’on a découvert bien plus tard, il avait un reflux et une otite séreuse non soignés qui devaient sûrement perturber la qualité de son sommeil.
Comme tout le monde dormait mal et que l’on devait quand même assurer nos journées au travail, on a finalement mis un matelas dans sa chambre où j’ai commencé à passer la plupart de mes nuits, ou de mes fins de nuits.
Un nouveau lit pour une nouvelle routine
On avait lu que changer sa chambre et lui mettre un lit de grand pouvait aider et mettre en place une nouvelle routine. On lui a acheté un beau lit bleu sur lequel on a collé une lune et des étoiles. On a commencé à lui donner des stickers s’il passait une bonne nuit, ou s’il s’endormait seul. On a aussi acheté toutes les veilleuses possibles et imaginables. Des étoiles, une tortue, celles avec ses super héros préférés.
Mes souvenirs sont flous mais je crois que ça allait un peu mieux. Il ne s’endormait pas seul, mais il devait bien dormir, sans se réveiller, 3 nuits sur 7 disons.
On a tenté d’arrêter d’être au lit avec lui, de se mettre à côté, puis à la porte mais ça n’a pas fonctionné. J’étais enceinte et on était trop fatigués pour insister.
L’arrivée de sa petite soeur
L’arrivée de sa soeur a vraiment perturbé la routine, même fragile , que l’on avait réussi à installer. Il ne supportait pas que sa soeur dorme avec nous, dans notre chambre, et il a commencé à faire des crises la nuit.
C’est à ce moment là qu’on a réalisé à quel point on s’était mis dans la galère à ne pas lui avoir appris à s’endormir seul et de l’avoir laissé dormir avec nous. Comment on allait faire avec un bébé dans notre chambre qui pleurait la nuit et qui devait prendre des biberons pour s’occuper de notre fils, qui dormait encore à trois ans “comme un bébé” lui aussi !
On s’est débrouillés comme on peut, comme font tous les parents, et puis on a changé d’appartement pour avoir deux chambres pour eux. Ma fille a fait ses nuits tard et on a tenté de les mettre ensemble, ça a été un cauchemar. On dormait finalement dans le salon pour éviter qu’ils soient ensemble.
Pipi au lit et peurs magiques
Quand on a finalement soigné l’otite séreuse et le reflux de notre fils, en pensant que ça allait aider son sommeil, c’est là qu’il a commencé à faire pipi au lit, ce qui le réveillait la nuit.
Et puis, en plus du pipi au lit qu’on a soigné en remettant la couche, il a commencé à développer son imaginaire et à avoir de vraies peurs. Pas seulement du noir car même avec la lumière il a peur d’être seul. Sa tête est remplie de sorcières et de monstres qu’il croit entendre quand il est seul.
Et il a vraiment peur, une peur panique si on tente de le laisser seul dans son lit. Le peu de fois où il a accepté d’essayer, il est resté paralysé dans son lit les yeux grands ouverts. Pour lui s’il se laisse aller au sommeil, quelque chose de terrible va arriver ! Il n'y a que sous notre surveillance qu’il peut s’endormir.
Le deuxième
Ma fille a fait ses nuits tard mais j’ai senti tout de suite que son sommeil était meilleur. Pas de problème de digestion, pas de gigotages. Quand elle dormait, son sommeil était calme et profond. Pour ce qui est de s’endormir seule dans son lit, notre nounou nous a beaucoup aidé à mettre en place une rythme grâce auquel Elle aime aller au lit quand elle est fatiguée. Surtout quand vers 8 mois elle a commencé à avoir peur de la séparation, l’aide d’une personne extérieure a été précieuse.
Est-ce que nous avons été moins angoissés pour elle ? Sûrement ! Est-ce qu’elle a eu moins de place, moins de notre temps à son écoute ? Sûrement aussi ! Mais quand même, je pense qu’il y avait à la base une différence physiologique.
Et maintenant ?
Nous n’avons pas trouvé de solution. On a voulu les remettre ensemble avec sa soeur mais mon fils dit qu’elle fait de vrais bruits de monstre. Ma fille dort bien la plupart du temps donc on la protège de nos réveils. Quand elle se dérègle, c’est vraiment dur car cela s’ajoute à nos nuits déjà troublées avec notre fils.
Comme nous dormons très mal quand il vient dans notre lit la nuit, nous l’avons mis dans un lit double dans la petite chambre. On s’endort avec lui et quand il se réveille la nuit, l’un de nous se recouche avec lui.
Nous avons commencé une thérapie il y a peu de temps pour l’aider et nous aider à reprendre une meilleur routine. On verra bien ! J’aime l’idée de l’intervention d’une tierce personne et d’un espace pour qu’il parle de ses monstres. Pour l’instant les mots rassurants que la psychologue nous a demandé de lui lire le soir avant de partir de sa chambre n’ont pas eu l’effet escompté !
On continue du coup nos lits musicaux la nuit en tentant de dormir le mieux possible, ce qui pour nous est déjà pas mal !
Pour aller plus loin, lisez l'article "Psycho : mieux comprendre le sommeil des enfants" et écoutez le podcast "J'ai peur de dormir seul !"